Accouchement à la maison, une pratique étendue  
De nombreuses futures mères seront plus rassurées dans un environnement médicalisé. D'autres, au contraire, préféreront être entourées de personnes proches dans un cadre familier.

L'accouchement à domicile, accompagné et non accompagné, concerne 90% des naissances dans le monde, ce qui est considérable. En Europe du Nord, au Pays-Bas, le taux d'accouchements à domicile est de 30%. 

Cependant, seulement 1 à 2 % des accouchements à domicile se pratiquent en France. Cette pratique est peu répandue dans l'hexagone. Ceci s'explique à la fois par un manque d'informations délivrées aux futurs parents mais aussi par une méconnaissance du sujet souvent associé à une technique "archaïque" et "dangereuse".




Pourquoi accoucher à la maison ? 
De nombreuses raisons poussent les femmes à faire ce choix :

•  L'envie d'être pleinement actrice de son accouchement. 
•  La peur de la surmédicalisation (épisiotomie, péridurale, déclenchement).
•  Le souhait de vivre le plus naturellement possible la venue du bébé.
•  Le désir de prendre en compte tous les besoins physiologiques, en ayant le choix des positions, de se mouvoir, de s'hydrater ou de se nourrir (ce qui est interdit en structure en raison des nombreux protocoles).
•  Le lien de confiance avec la sage femme qui l'accompagne.
•  L'assurance d'être proche de sa famille, et de l'aîné s'il y en a.
•  L'expérience d'un accompagnement global, avec une certaine intimité.
•  La possibilité de laisser au père une véritable place. 
•  La crainte de revivre un accouchement traumatisant en maternité.
• Le désir d'un accouchement plus personnalisé et  plus respectueux. 

Comment se déroule un accouchement à domicile accompagné par une sage-femme ? 
Les contractions régulières et rapprochées indiquent qu'il est temps d'appeler la sage-femme pour évaluer la situation. La sage-femme, une fois sur place, apprécie l'avancée du travail et s'assure de la bonne santé de la mère et du bébé.
Elle amène avec elle un kit de réanimation mère et enfant, des produits de perfusion pouvant faire face aux complications principales et un monitoring portatif pour vérifier le rythme cardiaque cœur de l'enfant au cours de l'accouchement.

Les parents, quant à eux, fournissent les alèses, des compresses stériles, l'homéopathie, les soins du cordon, la bassine, le brumisateur, serviette de bain, gants, serviettes hygiéniques, culottes, couvertures, couettes et selon les envies de chacune : playlist, bougies, gros ballon, nourriture énergétique comme les fruits séchés, piscine gonflable...

La sage-femme accompagne la future maman jusqu'à la naissance du bébé en harmonie avec le projet de naissance souhaité et reste à ses côtés un long moment après l'expulsion du placenta. Elle s'assurera de la santé et du bien-être du bébé et de la maman en prodiguant les soins appropriés et en apportant des conseils. Un suivi de plusieurs jours à une ou deux semaines suivant l'accouchement est établi, pour les soins et conseils. Pour des raisons de sécurité, il est recommandé de s'inscrire à l'hôpital et de constituer un dossier médical en cas de transfert si des complications survenaient lors de l'AAD. Dans ce cas, si le personnel de la structure l'accepte, la sage-femme qui vous accompagne pourra rester jusqu'à la fin de l'accouchement en milieu hospitalier.

Une pratique déconseillée dans certains cas
L'AAD est refusé en cas de diabète gestationnel, hypertension, toxémie, grossesse gémellaire, position en siège du bébé ou d'une pathologie avérée de la mère ou du bébé. Le risque zéro n'existe pas, que ce soit en structure ou à domicile. 
Cependant, il est important que la parturiente soit en bonne santé et exempt de pathologies contre-indiquées en cas d'AAD. étant donné l'éloignement plus ou moins grand des structures médicales d'urgences.

Le suivi de grossesse est-il différent ?
Le suivi reste sensiblement le même avec trois échographies et des prises de sang régulières. Le suivi mensuel se fait par la sage-femme. Les consultations sont généralement plus longues qu'avec un gynécologue et tout ce qui entoure la grossesse et l'accouchement est abordé, que ce soit d'un point vue physique ou psychique. Un projet de naissance est élaboré en prenant en compte les choix de la future mère, son environnement et les contraintes de la sage-femme, s'il y en a.
Les derniers suivis se font souvent à domicile afin que la sage-femme se familiarise au lieu, mais aussi pour renforcer une certaine intimité et sceller une confiance réciproque. La mère ne peut avoir recours à une péridurale; une bonne préparation à l'accouchement est donc essentielle. Cependant, la douleur est moindre quand il est possible de se mouvoir et de se détendre.
Le lâcher-prise sert aussi à libérer des endorphines. Ces hormones permettent d'atténuer la douleur. 

Par ailleurs, aucune étude scientifique n'indique qu'une femme qui accouche à l'hôpital est plus en sécurité que celle qui accouche à domicile, à contrario des études scientifiques démontrent que le taux de morbidité mères et bébés est plus élevé lors d'accouchement dans les services obstétriques.
(Campbell et Macfarlane, 1986. Cité par Henci Goer : Traduction de Home birth, in H. Goer, Obstetrical myths versus research realities. A guide to the medical litterature. Westport : Bergin et Garvey, 1995, chapitre 17, p. 331-347.)

Informations pratiques : 
Si vous êtes intéressée, vous pouvez consulter l'annuaire des sages-femmes et trouver celles qui pratiquent l'ADD. 
L'accouchement à domicile est remboursé à hauteur de 300 euros par la sécurité sociale (accouchement + visite post partum).
Néanmoins, il peut y avoir un dépassement du fait du coût élevé lié à l'assurance des sages-femmes.

Annuaire : Collectif de défense de l'accouchement à domicile, Collectif inter Associatif autour de la Naissance : le CIANE

Sources : mon expérience personnelle, ipsis, projet de naissance, magazine grandir autrement n°2, nice.org, franceinfo, cairn info, magicmaman